Sur les rails de Khabarovsk à Oulan Oudé

19/20/21 août

Un « taxi amateur » décoré de fond en comble de tapis à fleurs d'orient poussiéreux nous conduit très sportivement à la gare de Khabarovsk.

La fonctionnalité de la gare n'est pas aisée. L'accès aux passerelles surélevées pour accéder aux quais est difficile, aucun escalier mécanique ni ascenseur. Cela pénible les dix volées de marches avec des bagages. C'est le prix à payer pour conserver sans doute le charme de ces gares anciennes véritables œuvres d'art aux fresques nostalgiques.

Le contrôle de sécurité à l'entrée de la gare est un morceau d'anthologie: les portiques d'entrée clignotent de rouge comme un tableau de centrale nucléaire mais un bon vieux fonctionnaire débonnaire, tournant le dos à tout ce bazar, fait passer les gens en moulinant des bras comme une éolienne dans le vent.. circulez, circulez

Affichage départ des trains, pour nous No 1, départ 4H25 heure de Moscou, heure locale 11H25...

Nous continuons notre voyage pour deux jours et deux nuits complets sur le Rossya. Long train costaud de 20 wagons. Bien installés en 2ème classe classique dans un compartiment pour 4, c'est super. Mais ça ne durera pas ...

Taiga, bouleaux et pins, steppe herbeuse humide 

Sur le trajet, beaucoup de rivières

Draps, couvertures, serviettes toilette , gobelets à thé ciselés finement estampillés aux «armes» de la Cie des chemins de fer russes avec la destination mythique Moscou-Vladivostok. La provodnitsa (hôtesse du wagon) est charmante et serviable. Elle passe l'aspirateur, dans le couloir et chaque compartiment, nettoie les vitres, brique les poignées, vide les poubelles, s'occupe du thé samovar,etc.. une vraie petite femme d'intérieur. Extraordinaire : malgré la complexité incroyable de la gestion du trafic ferroviaire sur une immensité de 23 fois la France, avec 11 fuseaux horaires, les horaires sont d'une précision d'horloge suisse...Les trains roulent tous les jours été comme hiver, sous des températures extrêmes ( -45°C à -60°C). La SNCF peut venir prendre de grandes leçons ..

Par-ci par-là une maison perdue , un hameau . Bois et steppe, marécages.

Les russes aiment le train depuis toujours. Le transsibérien, c'est une vie ambulante sur 10000 km. On y mange, dort, fait des rencontres improbables, on discute et on rêve. On est dans une sorte de bulle sans repère de temps.

La taïga défile à l'infini, forets de bouleaux argentés, marais, rivières fougueuses, steppes humides, étendues à perte d'horizon. Comme sur un océan de forêts, des petits villages d'isbas surgissent de la forêt en ilots de solitude. Pas misérables mais très pauvres. Le temps ici semble arrêté dans une autre époque voire dans un autre monde.

Arrêt à Birobidjan, région autonome juive, créée sous Staline... le nom de la gare est écrit en hébreu. La ville, même vue du train, semble d'une tristesse innomable.

UNe vallée...

Arrêt dans une petite gare . Il n'est pas rare de voir une vieille locomotive à vapeur, avec l'étoile rouge et les armes de l'URSS, repeinte.

Un magnifique coucher de soleil fait basculer le train dans la nuit sibérienne profonde et sauvage où rodent sans doute loups et ours bruns. Le lever du soleil inonde les écharpes de brume couvrant la taiga d'une belle lumière mordorée. Nous sommes comme des Robinsons dans notre ile ferroviaire. Le temps s'estompe dans l'immensité vierge sous la pureté cristalline du ciel.

Comment rester normaux quand votre montre affiche 9 H 33 (à l'heure de Kabarovsk, ville de départ hier) 2 H 33 (heure de Moscou) affichée dans le train, et 1 H 33 (heure locale de passage en milieu de parcours). La confusion de tout ça fait de vous des êtres légèrement déboussolés ..

Aux arrêts du train, vente sur les quais de produits locaux (de préparation familiale, myrtilles, prunes, etc.. c'est toujours la joyeuse kermesse, on traverse les voies, on se disperse sur le quai et les alentours avant que l'hôtesse de wagon ne rappelle ses ouailles pour repartir.

On aperçoit ici une petite meule de foin (l'herbe de la steppe), on en voit beaucoup sur le trajet.

Arrêt à Amazar (km 7000) on quitte l'extrême orient, ici commence officiellement la Sibérie puis Mogotcha (km 6900) localité d'extraction de l'or. Il y fait très chaud aujourd'hui. Mais c'est une région de permafrost (jusqu'à –62°C l'hiver)... Même au prix du lingot actuel ça fait réfléchir ..

Paysage de steppe mongole, on approche de Chita et la Bouriatie

Nuit...

Chita (1H30 du matin) Changement de fuseau horaire et accueil en fanfare de nos co-locataires de compartiment ...

Ci-contre petite égise perdue au milieu de rien, quelque part avant Oulan-Oudé

Cimetierre de vieilles locomotives avant Oulan Oudé 

Arrivée 11H OULAN OUDE (km 5648) frontière de la Mongolie (40°C)

et à nouveau changement d'heure (-2 Heures, plus que 5H de Moscou) on avance, on avance !!

Message personnel à Laurent G. : les friches industrielles de l'ex-urss sont une source inépuisable d'inspiration pour photographe amoureux de la rouille …